Le terme « police » désigne de manière générale l’activité consistant à assurer la sécurité des personnes, des biens et maintenir l’ordre public en faisant appliquer la loi. Il faut entendre par le terme « loi », les règles et normes formelles d’un code établi dans un pays. Les forces de police (communément appelées « la police ») sont les agents (militaires ou civils) qui exercent cette fonction.ÉtymologieLe mot français police provient du mot latin politia, romanisation du mot grec πολιτεία (politeia), qui signifie « régime politique, citoyenneté, administration, partie civile » et du mot πόλις (polis), qui signifie « cité »1.Histoire
La police est une invention moderne. En effet, si Rome disposait d’irénarques chargés de la surveillance des mœurs, de la discipline publique et de l’arrestation des brigands2, la « police » au sens moderne du terme ne naît qu’avec l’avènement de l’État moderne.En Europe, au bas comme au haut Moyen Âge, le pouvoir de police n’étant pas distinct du pouvoir de justice, le même seigneur pouvait à loisir désigner un coupable, le faire arrêter, et le châtier.À la fin du xviiie siècle, la langue allemande invente le terme de « Polizeiwissenschaft » (littéralement, « science de la police »)3. L’équivalent de la « police » au sens classique, d’administration de l’ordre public de la cité, allant au-delà des tâches proprement sécuritaires, se retrouve dans la conceptualisation, dans les États germaniques, de la Polizeiwissenschaft ainsi que des sciences camérales.On cite souvent la Marine Police Force de Londres et la City of Glasgow Police en Écosse ainsi que la préfecture de Paris, toutes créées vers 1800, comme les ancêtres de l’organisation moderne de la police4,5,6. À celles-ci s’ajoute la Metropolitan Police Service, créée en 1829 et qui est la première qui ajoute la prévention policière à son rôle de répression du crime7.On peut aussi citer la création d’une police municipale en 1805 dans la ville de la Nouvelle-Orléans aux États-Unis, police dont la fonction première était de surveiller et de capturer les esclaves fugitifs. « Le but premier de la maréchaussée est de renforcer le contrôle des autorités sur les esclaves »8.Les policiers sont connus sous plusieurs noms dont : constables, gendarmes, officiers de paix, agents de police, détectives, shérifs, marshalls, miliciens. L’organisation des forces de police varie grandement selon le pays : de locales à nationales, de civiles à militaires.Les historiens français, comme Jean-Marc Berlière et Christian Chevandier, ont écrit une histoire très informée de la police9.Définition et organisation, par paysOrganisations internationalesIl existe un organisme de coopération policière internationale, Interpol, qui diffuse aux pays membres les mandats d’arrêt d’internationaux délivrés par les autorités judiciaires nationales.Dans l’Union européenne, chaque pays possède sa ou ses polices nationales et Europol est l’organisme de coopération des différentes instances policières de l’Union.Le réseau international Francopol regroupe pour sa part des organisations et des écoles de formation policières francophones en vue de la coopération technique et de l’amélioration des pratiques policières.Allemagne
La réforme des polices instituée par l’arrêté royal du a remplacé les différents services de police belge (gendarmerie nationale, police communale, police judiciaire et police des chemins de fer) par la police intégrée à 2 niveaux (fédéral et local).
La police fédérale : Agit à l’échelon national. Dispose de compétences de police administrative et judiciaire10. Sa juridiction est supra-locale et peut intervenir partout en Belgique. Elle dispose aussi de toutes les compétences de police du niveau fédéral au niveau local en passant par le niveau fédéré. Elle est composée de la police judiciaire, police de la route, police des chemins de fer, direction des polices administratives, police de la navigation, police aéronautique, le service d’appui canin, la direction des unités d’interventions spéciales et encore d’autres corps spécialisés dans l’appui des zones de police locale.
La police locale (189 zones de police : 149 zones pluricommunales et 40 zones unicommunales11) : exerce toutes les compétences de police judiciaire et administrative11. Elle agit sous les ordres des chefs de corps et des bourgmestres des différentes communes qui composent sa zone.
La Gendarmerie royale du Canada (GRC), la police fédérale, s’occupe des champs de compétence du gouvernement fédéral au Canada.Deux provinces, le Québec et l’Ontario, possèdent un corps de police provincial chargé du champ de compétence provinciale sur leur territoire. Il s’agit de la Sûreté du Québec (SQ) et de la Police provinciale de l’Ontario (PPO). Les autres provinces canadiennes louent les services des patrouilleurs de la GRC qui occupent les champs de compétences tant provinciales que fédérales.Chaque ville, village ou municipalité a également compétence pour créer son propre corps de police municipale afin d’y maintenir l’ordre et d’y appliquer le code criminel canadien et les lois pénales provinciales. Si un tel corps n’est pas créé par la municipalité, c’est la police fédérale ou provinciale (selon le cas) qui y a juridiction. Les services policiers fournis par la SQ ou la PPO sont facturés à la municipalité desservie.Cependant, au Québec, une municipalité doit avoir au moins 50 000 habitants pour qu’elle puisse avoir son propre corps de police12. Ainsi à Montréal, c’est le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) qui dessert le territoire de l’île de Montréal.En cas de bavure policière, on confie généralement l’enquête au BEI (bureau d’enquête indépendant) où à un autre corps de police pour éviter tout conflit d’intérêt. Par exemple, la SQ va enquêter sur le décès d’un individu tué lors d’une fusillade avec les agents du SPVM. Pour des enquêtes délicates qui nécessitent des services particuliers, comme ceux de la police scientifique, ou une coordination à large échelle, les corps policiers de différents niveaux vont collaborer.États-Unis
Le Federal Bureau of Investigation (FBI), le US Secret Service, le US Marshals Service, le United States Park Police (USPP), le US Capitol Police, le US Pentagon Police et certains autres services s’occupent des crimes de juridictions fédérales. Le FBI possède une juridiction assez large, dont une section de contre-espionnage, alors que les autres ont des juridictions particulières. Les États-Unis comptent environ 20 services fédéraux de police et de sécurité.Chaque État fédéré a son propre corps policier qui s’occupe au minimum de la sécurité sur les routes principales et de lutte contre les activités délictuelles ou criminelles. Il existe pour chaque État des lois spécifiques qui sont votées par les élus de chaque État.Chaque comté a son service de police ou de shérif qui a juridiction sur le territoire du comté, généralement hors des villes d’importance (soit environ 3 070 corps locaux). Les shérifs sont élus pour des mandats d’une durée de 2 à 6 ans. 48 États sur 50 ont, en plus des services de police de l’État fédéré, des services de police dirigés par un shérif établi par comté, l’Alaska et le Connecticut étant les deux États n’en possédant pas. Chaque ville d’importance a son service de police dont la juridiction s’étend au territoire de la ville. Il existe environ 15 000 corps de police municipale.Les différents niveaux de services de police collaborent. Contrairement à la plupart des pays, les chefs de police municipale, de comté et les shérifs sont élus par la population et ils ne sont pas nommés par des autorités supérieures.France
La définition actuelle a été établie par les acteurs de la Révolution française. Ainsi, l’article 12 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 dispose : « La garantie des droits de l’homme et du citoyen nécessite une force publique ; cette force est donc instituée pour l’avantage de tous, et non pour l’utilité particulière de ceux à qui elle est confiée ». La magistrate Magali Lafourcade a recommandé de s’appuyer sur cet article pour consacrer, organiser et contrôler un « droit à la police », avec la mise sur pied d’une police « au service de l’exercice paisible des libertés »13.En droit français, il est possible de distinguer deux types de police :
la police administrative est la prévention des troubles à l’ordre public sous toutes leurs formes ;
la police judiciaire vise à la constatation des infractions à la loi pénale, au rassemblement des preuves (qui peut inclure l’aide des services de la police scientifique) et à la recherche des auteurs d’infraction.
Néanmoins, cette distinction entre police administrative, qui serait préventive, et police judiciaire, qui serait répressive, n’est pas absolue. Elle varie en effet en fonction de l’autorité de référence : le préfet en matière administrative et la magistrature en matière judiciaire.En pratique, trois forces de sécurité effectuent les missions de sécurité intérieure :
Jusqu’en 2000, les services de l’ordre étaient divisés entre police et gendarmerie. Une loi votée par le Parlement et signée par le grand-duc les a réunis en un seul corps.La police du grand-duché du Luxembourg est appelée police grand-ducale. Elle est soumise à la charte des valeurs de la police grand-ducale. Cette charte précise notamment : « La police grand-ducale concourt, sur l’ensemble du territoire, à la garantie des libertés et à la défense des institutions du grand-duché, au maintien de la paix et de l’ordre public et à la protection des personnes et des biens. Proche de la population, elle lui fournit aide et assistance. Elle procède aux devoirs lui étant confiés légalement par les autorités judiciaires et administratives ». Il y a dans le pays 6 centres d’intervention principaux : Luxembourg-Ville, Esch-sur-Alzette, Diekirch, Mersch, Grevenmacher et Capellen. La police grand-ducale est administrée par une direction générale.Une loi de 1973 règle l’usage des armes et autres moyens de contrainte par les membres de la force publique dans la lutte contre la criminalité. Les policiers ont un grand nombre de clubs de sport qui leur sont propres.Pays-Bas
Hélicoptère de surveillance de la police néerlandaise.
Les policiers néerlandais sont sous la tutelle du ministère de la Justice et non du ministère de l’Intérieur. Les deux corps formant l’institution sont les polices nationale et municipale, l’une sous commandement du ministre, l’autre sous direction des maires. En cas de crise, la police travaille avec les pompiers et les ambulances pour faciliter l’évacuation des civils. Dans les rues, elle est armée et son équipement quotidien contient entre autres un talkie-walkie en relation avec les autres unités et la base, des menottes et un gilet pare-balles. La gendarmerie (maréchaussée royale) assure un apport de sécurité dans les lieux fortement fréquentés en coopération avec la police, mais a un statut militaire.Suisse
Police cantonale thurgovienne intervenant après un accident de la route.
En Suisse, les services de polices peuvent être divisés en trois grands groupes : la police fédérale, et militaire, les différents corps de police cantonaux et enfin les polices municipales.La police fédérale, créée en 1848, est plus un service administratif et de coordination intercantonal qu’une réelle force de police, alors que les polices cantonales forment l’essentiel des forces de police du pays et s’occupent de la majeure partie des activités de police ; selon les cantons elles sont suppléées par des polices municipales gérées par les communes. En 2000, on comptait 14 500 policiers assermentés sur l’ensemble du territoire suisse, ce qui en proportion donne moins de 200 fonctionnaires de police pour 100 000 habitants, soit un des taux les plus bas d’Europe14.Turquie
L’étude scientifique de la réalité sociologique des institutions policières est d’apparition relativement récente : au milieu du xxe siècle, aux États-Unis et au Canada, puis en Grande-Bretagne et dans les pays anglo-saxons ; en Europe continentale, à partir des années 1970, en Allemagne et aux Pays-Bas notamment. La France a commencé à être concernée par ce mouvement à la même époque, avec les initiatives de juristes comme Jean-Jacques Gleizal à Grenoble ou Bernard Asso à Nice, de criminologues comme Jean Susini, de politologues comme Jean-Louis Loubet del Bayle qui crée à l’Institut d’études politiques de Toulouse, le Centre d’études et de recherches sur la police (CERP). D’autres chercheurs en sciences sociales, comme les sociologues français Dominique Monjardet ou Frédéric Ocqueteau, s’intéressent à l’étude des organisations policières et à leur performance managériale. Sebastian Roché (CNRS, Institut d’études politiques de Grenoble) s’est spécialisé dans l’analyse des politiques de sécurité et des politiques policières.Il y a des approches qui proposent tout une autre conception de la police : ainsi, le marxisme, qui considère que la police fait partie de l’appareil répressif de l’État17, lequel fonctionne à la violence (physique ou non)18 et constitue un instrument de la bourgeoisie par lequel elle s’assure son pouvoir et sa position dominante19 ; ou le discours foucaldien, qui assure que la police est une institution de pouvoir dont le but n’est pas de supprimer le crime mais de le contrôler suivant certaines limites et de l’utiliser selon ses propres intérêts20.Cinématographie
↑Annie Poulin, « “TRENTE PIASTRES de récompense” : Le contrôle et la fuite d’esclaves à la Nouvelle-Orléans, 1816-1827 », , 113 p. (lire en ligne [archive]), p. 41
↑voir « Histoire des polices en France », J.-M. Berlière, ou bien « Policiers dans la ville. Une histoire des gardiens de la paix », C. Chevandier.
↑« Ankara : l’ex-joueur de Toulouse Umut Bulut perd son père dans l’attentat », Le Parisien, (lire en ligne [archive], consulté le )
↑« Un double attentat, revendiqué par un groupe radical kurde, fait près de 40 morts à Istanbul en Turquie », Huffington Post, (lire en ligne [archive], consulté le )
↑Louis Althusser, “Idéologie et appareils idéologiques d’État” : « […] dans la théorie marxiste, l’Appareil d’État (AE) comprend : le Gouvernement, l’Administration, l’Armée, la Police, les Tribunaux, les Prisons, etc., qui constituent ce que nous appellerons désormais l’Appareil Répressif d’État ».
↑Louis Althusser, “Idéologie et appareils idéologiques d’État » : « Répressif indique que l’Appareil d’État en question « fonctionne à la violence », du moins à la limite (car la répression, par exemple administrative, peut revêtir des formes non physiques »
↑Louis Althusser, “Idéologie et appareils idéologiques d’État” : « Le rôle de l’appareil répressif d’État consiste essentiellement, en tant qu’appareil répressif à assurer par la force (physique ou non) les conditions politiques de la reproduction des rapports de production qui sont en dernier ressort des rapports d’exploitation. Non seulement l’appareil d’État contribue pour une très grande part à se reproduire lui-même (il existe dans l’État capitaliste des dynasties d’hommes politiques, des dynasties militaires, etc.), mais aussi, et surtout, l’appareil d’État assure par la répression (depuis la force physique la plus brutale jusqu’aux simples ordres et interdits administratifs, à la censure ouverte ou tacite, etc.), les conditions politiques de l’exercice des Appareils Idéologiques d’État ».
↑Par exemple, Michel Foucault, « Alternatives à la prison » (conférence) ou Surveiller et punir
Dominique Monjardet, Ce que fait la police. Une sociologie de la force publique, La Découverte, 1994
Jean Tulard et al. Du Moyen Âge à nos jours : Histoire et dictionnaire de la police, Robert Laffont, 2005
Élie Escondida & Dante Timélos Face à la police / Face à la justice, L’Altipiano, 2007
Frédéric Ocqueteau, Mais qui donc dirige la police ? Sociologie des commissaires de police, Armand Colin, 2005
Olivier Philippe, La Représentation de la police dans le cinéma français (1965-1992), Préface de Jean-Louis Loubet del Bayle, L’Harmattan, Collection Sécurité et société, 1999, 480 p.
Jean-Marie Thiébaud, Dictionnaire encyclopédique international des abréviations, sigles et acronymes, armée et armement, gendarmerie, police, services de renseignement et services secrets français et étrangers, espionnage, contrespionnage, services de secours, organisations révolutionnaires et terroristes, Paris, L’Harmattan, 2015, 827 p.
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